11 mai 2016 : cérémonie d'inauguration du campus européen et de remise des titres de docteurs honoris causa

Discours du président de l'Université de Strasbourg prononcés le 11 mai 2016 lors de la cérémonie d'inauguration du campus européen.

Seul le prononcé fait foi.

Discours d'accueil

C’est avec plaisir, et émotion, que je vous accueille aujourd’hui au Palais universitaire où les universités de Bâle, de Freiburg, de Haute Alsace, de Karlsruhe et de Strasbourg, avec le soutien des autorités locales, nationales et européennes, unissent aujourd’hui leur capacité à innover et à se projeter dans l’avenir.

Est-il lieu plus approprié pour tenir cette cérémonie, que notre Palais universitaire, tant il est chargé de symboles européens. Ses murs sont témoins de l’histoire mouvementée du bassin rhénan, avec à la fois ses tourments et ses espérances.

Construit pour signifier la puissance de l’Allemagne, il témoigne aussi de la conviction de l’empereur Guillaume que l’avenir d’une nation se construit dans ses universités.

Als Würdigung dieser Zukunftsvision, und auch als Zeugnis der engen Bruderschaft, trage ich heute die Amtskette des Rektors der Strassburger Reichsuniversität. iDe beiden Statuen, Argentina und Germania, die für jahrzehnten verschwanden, weil sie gegen den damaligen Völkerhass und die Nationalismen stiessen, wachen nun wieder von der Fassade des Kollegiumsgebäudes, unser lieber Palais universitaire, herab auf die Wissenschaften, die Literatur und die Künste. Diese beiden Statuen zeigen auf die doppelte Identität unserer Universität . Sie haben keine anderen Waffen als Bücher und Wissen.

Le 10 août 1949 c’est ici même que s’est tenue la première assemblée du Conseil de l’Europe. Que cette idée de l’Europe ait germé ici, en ces lieux, est encore un autre symbole fondamental. Car c’est l’Europe des droits de l’homme, l’Europe des valeurs de la démocratie, de la tolérance mutuelle et de l’éducation pour tous qui fut fondée ici.

C’est ici même que Charles de Gaulle, en 1959, a rappelé que Goethe, qui fut étudiant de notre université, avait écrit que (je cite) « la haine existe surtout au degré les plus bas de la culture et à une certaine hauteur, à une certaine valeur de cette culture, au contraire, les haines nationales s'effacent et que chacun ressent comme les siens le bonheur ou le malheur d'un peuple voisin ». C’est sur cette base que Charles de Gaulle avait clairement assigné à notre université un objectif européen.

C’est pour cela que nous sommes heureux et fiers qu’un nouveau symbole de la construction européenne soit inauguré aujourd’hui, ici, dans ce lieu chargé d’histoire.

Jean-Marie Lehn, prix Nobel qui nous fait l’honneur de sa présence, a reçu la médaille Eucor en 2013. Il me permettra pour clore ce mot de bienvenue, de lui emprunter cette phrase qu’il a prononcée lors du 20e anniversaire d’Eucor: « Le drapeau à étoiles est le seul qui unit, les autres divisent ».

Liebe Freunde, chers amis. Ici, dans ce lieu symbolique, nous posons une pierre fondamentale de l’Europe de l’intelligence, du savoir et de la jeunesse. Vive le campus européen !

Alain Beretz

Discours de la cérémonie de remise des titres de docteurs honoris causa

Mesdames et Messieurs
Chers collègues,
Cher Horst, cher Antonio et cher Hans-Jochen

 

Distinction que nous voulons prestigieuse, le doctorat honoris causa honore « des personnalités de nationalité étrangères en raison de services éminents rendus aux Sciences, aux Lettres et aux Arts, à la France ou à l’établissement d’enseignement supérieur qui décerne le titre » comme le définit le décret du 20 janvier 1918.

Chers collègues, ce titre honorifique vous échoit comme une évidence. En effet, si nous vous accueillons aujourd’hui dans notre aula magna, c’est à double titre : pour vos mérites scientifiques, bien sûr, qui seront rappelés dans un instant par vos parrains, mais aussi plus particulièrement pour votre engagement à faire vivre et à développer la coopération universitaire transfrontalière. Chacun d’entre vous a apporté sa pierre à l’édifice et c’est grâce à votre volonté et à votre persévérance qu’Eucor - Le Campus européen voit aujourd’hui le jour.

Convaincu par la voie tracée par les recteurs et présidents Rüchardt, Pfaltz, Laustriat, Régnier, Jacqué, Kunle, et Binder, qui en octobre 1989 ont constitué la confédération des universités du Rhin supérieur, vous avez non seulement mis vos pas dans leurs traces, mais eu à cœur, lorsque vous avez présidé aux destinées d’Eucor, de donner une impulsion à la coopération transfrontalière.

Permettez-moi de faire un bref retour sur les actes qui ont jalonné votre action :

Horst Hippler (président d’Eucor en 2003 et en 2011) vous avez lancé une dynamique forte dans le domaine des sciences de l’environnement en créant un groupe trinational en coopération avec l'IFARE/DFIU (Institut Franco-Allemand en sciences de l'environnement / Deutsch-Französisches Institut für Umweltforschung), et en organisant la première Université d'été en sciences de l'environnement à Bad Herrenalb portée par  l'Université de Karlsruhe. 
En 2011, vous avez créé la médaille Eucor et remis la première d’entre elles à Tomi Ungerer le 5 décembre 2011
Toujours en 2011 vous avez contribué à la mise en place de la première Offensive Science, monté la première université d’été en « Soft Matter Research », et coordonné les travaux en vue de la publication du guide de la cotutelle de thèse.

Antonio Loprieno (président d’Eucor en 2007) vous avez été en soutien affirmé des actions mises en place dans le cadre du projet Interreg, Eucor Virtuale (clôturé en 2006), en particulier de celles visant à clarifier et à élargir l’offre de formation Eucor.
Vous avez su à de nombreuses occasions faire connaître et plaider la cause de la coopération entre les universités du Rhin supérieur et j’en ai été maintes fois le témoin. En 2013, le réseau de recherche en sciences de l'antiquité, le Collegium Beatus Rhenanus célébrait ses 10 ans d’existence et votre soutien à cette dynamique scientifique fut essentielle. A la fin de cette même année 2013, le 9 décembre, à l’occasion de la remise du prix Eucor à Jean-Marie Lehn – vous prononciez un discours qui a retenu notre attention tant vous aviez alors su mettre en évidence les mutations en cours. Je vous cite : « Dans le Rhin supérieur, disiez-vous, au sein de nos pays limitrophes se sont opérés de changements fondamentaux considérables. Les trois universités strasbourgeoises n’en forment plus qu’une. L’Université de Karlsruhe a fusionné avec le centre de recherche de la Helmholz-Gesellschaft. En France et en Allemagne, les universités ont dû affronter la concurrence dans le cadre des initiatives d’excellence ». Ces paroles étaient pour nous une invitation à donner plus de vigueur à notre coopération et à donner plus de visibilité et de force d’action à notre potentiel scientifique et d’enseignement.

Hans-Jochen Schiewer (2009 et depuis 2013), dès 2009, dans vos déclarations à l'occasion du 20ème anniversaire d’Eucor vous avez formulé le vœu ferme de renforcer  significativement la coopération Eucor. Vous vous étiez particulièrement prononcé en faveur du renforcement de la coopération doctorale, du développement de l’axe culturel. Votre volonté d’intensifier nos projets de recherche et de formation a lancé une dynamique positive qui nous a conduit jusqu’à ce moment fort, ce tournant, que nous venons de célébrer en inaugurant Eucor-Le Campus européen. Je ne peux aujourd’hui décrire davantage ou illustrer le volontarisme qui a été le vôtre et la puissance de travail que vous avez mise au service de cette cause, mais ce que je souhaite vous dire ne teint qu’en un mot : merci.

Messieurs, chers collègues, en vous rendant hommage et en vous exprimant sa profonde reconnaissance, l’Université de Strasbourg forme le vœu qu’au cœur de l’Europe, au cœur de l’espace rhénan, Eucor-le Campus européen soit toujours davantage un vivier de création et de partage de connaissance, un lieu d’échange d’idées et de cultures. Grâce à vous, grâce à ceux que vous représentez, l’Europe n’est plus une abstraction. Grâce à vous, nous prouvons que c’est à l’université, plus que dans les ministères ou les administrations, qu’on saura construire l’Europe, une Europe du 21e siècle fidèle à ses traditions humanistes. Car ce que nous voulons transmettre, c’est bien une vision du monde inspirée de l’humanisme rhénan, qui nous a été légué ceux qui ont sillonné l’espace rhénan à l’aube du XVIe siècle. Ils ont fondé nos universités, sachons aujourd’hui fonder une Europe fidèle à leur idéal ! 

Alain Beretz

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